Fiche 2 - Qu'est-ce que les Lumières ?


QU'EST-CE QUE LES LUMIERES ?

"Les Lumières, c'est la sortie de l'homme hors de l'état de tutelle dont il est lui-même responsable. L'état de tutelle est l'incapacité de se servir de son entendement sans la conduite d'un autre [...] Sapere Aude1 ! Aie le courage de te servir de ton propre entendement ! Voilà la devise des Lumières."
Emmanuel Kant - Qu'est-ce que les Lumières ? - 1784

1 : Ose savoir !

Etymologie : du latin lumen, lumière.
Le mouvement des "Lumières" désigne, sous forme d'une métaphore, le courant intellectuel, philosophique ou littéraire du XVIIIe siècle qui prône l'usage de la "raison éclairée", fondée sur la connaissance rationnelle et l'idée de liberté. Il rejette l'autorité arbitraire, l'absolutisme monarchique ainsi que les oppressions religieuses ou morales. Il met en avant le progrès des arts et des sciences ainsi que la recherche du bonheur sur Terre. On appelle "siècle des Lumières" la période qui va de la mort de Louis XIV (1715) au début la Révolution française (1789).

Posons le cadre général : regardez cette vidéo

Mais, concrètement, que disent les Lumières françaises ?

TEXTE N°1 : La tolérance chez Voltaire
« Ce n’est pas aux hommes que je m’adresse, c’est à Toi, Dieu de tous les êtres, de tous les mondes et de tous les temps. Tu ne nous a point donné un cœur pour nous haïr, et des mains pour nous égorger ; fais que les différences entre nos vêtements, entre nos langages, entre tous nos usages, entre toutes nos lois, entre toutes nos opinions, que toutes ces petites nuances qui distinguent les hommes, ne soient pas des signes de haine ! Que ceux qui couvrent leurs robes d’une toile blanche pour dire qu’il faut T’aimer, ne détestent pas ceux qui disent la même chose sous un manteau de laine noire ! Puissent tous les hommes se souvenir qu’ils sont frères ! »
D’après Voltaire,
Traité sur la tolérance, à l’occasion
de la mort de Jean Calas, 1763

TEXTE N°2 : Une satire de la société française
Montesquieu imagine le voyage de deux Persans à Paris. Dans des lettres, ils décrivent ce qui leur semble étonnant en France.
 « Le roi de France est le plus puissant prince de l’Europe. Ce roi est un grand magicien : il exerce son empire sur l’esprit même de ses sujets ; il les fait penser comme il veut. S’il n’a qu’un million d’écus dans son trésor, et qu’il en ait besoin de deux, il n’a qu’a leur persuader qu’un écu en vaut deux, et ils le croient1. Il va même jusqu’à leur faire croire qu’il les guérit de toutes sortes de maux en les touchant2 : tant est grande la force et la puissance qu’il a sur les esprits. »
Montesquieu, Les Lettres persanes, 1721,
publié aux Pays-Bas, sans nom d’auteur.
1 C’est le roi qui fixe la valeur de la monnaie.
2 Depuis le Moyen Age, les rois de France ont la réputation de guérir une maladie de peau (les écrouelles) rien qu’en touchant les malades.
TEXTE N°3 : L'autorité politique
« Aucun homme n’a reçu de la nature le droit de commander aux autres. La liberté est un présent du ciel, et chaque individu de la même espèce a le droit d’en jouir aussitôt qu’il jouit de la raison. […] Le prince tient de ses sujets mêmes l’autorité qu’il a sur eux ; et cette autorité est bornée par les lois de la nature et de l’Etat. […] Le prince ne peut donc pas disposer de son pouvoir et de ses sujets sans le consentement de la nation […].
Diderot, Article « Autorité politique »
dans l'Encyclopédie, 1751
TEXTE N°4 : Le poison des philosophes
« Liberté de penser, voila le cri des philosophes, et ce cri s’est fait entendre d’une extrémité du monde à l’autre. D’une main, ils ont tenté d’ébranler le Trône ; de l’autre, ils ont voulu renverser les Autels. La révolution s’est pour ainsi dire opérée… Histoire, romans, jusqu’aux dictionnaires, tout a été infecté par le venin philosophique. A peine ces écrits sont-ils devenus publics dans la capitale, qu’ils se répandent comme un torrent dans les provinces. »
D’après un discours de Seguier,
avocat général au Parlement de Paris, 1770.

1/ Associez chaque philosophe à son portrait et à ses dates de vie.

Voltaire
Véritable nom =




1689-1755






Montesquieu
Véritable nom =




1713-1784






Diderot
Véritable nom :




1694-1778


2/ Texte 1 : Voltaire s'adresse-t-il véritablement à Dieu ?
3/ Que déplore-t-il ?
4/ De quoi rêve-t-il ?
5/ Texte 2 : Montesquieu donne-t-il une image flatteuse du roi de France ?
6/ Pourquoi attribuer ces propos à des Persans et publier cet ouvrage hors de France et de façon anonyme ?
7/ Texte 3 : Est-ce « naturel » qu'un homme dirige les autres ?
8/ Quelle est la seule condition à laquelle il peut le faire ?
9/ Texte 4 : « Ebranler le trône » et « renverser l'autel » : qu'est-ce que cela veut dire ?
10/ Les idées des Lumières semblent-elles s'être diffusées rapidement dans tout le royaume de France ?
11/ L'auteur, M. Séguier, semble-t-il être un fervent admirateur des Lumières ? Relevez une phrase qui illustre son sentiment.

Comment se diffusent-elles, ces idées ?

12/ Complétez le schéma suivant à l'aide des informations que vous trouverez ici :



Récapitulons...

Pour vous aider :
Un petit rappel en vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=SCL9x3jr9ck

13/ Complétez la colonne de droite du tableau à l'aide des notions suivantes :

Monarchie limitée ou parlementaire Tolérance et liberté de croyance Justice Egalité devant la loi et les impôts Souveraineté de la Nation Liberté d'opinion et d'expression Séparation des pouvoir Egalité sociale
Domaine
L'ordre ancien
Les idées nouvelles
Le pouvoir
Monarchie absolue
Pouvoir de droit divin
Le roi a tous les pouvoirs
Critique du pouvoir interdite
...
...
...
...
La religion
Une seule religion admise et intolérance religieuse
...
La société
Privilèges
Inégalités sociales
Injustices
...
...
...


Bonus !

Une très belle exposition de la Bibliothèque nationale de France :
Une multitude de pages à explorer...

Anicet Charles Gabriel Lemonnier (1743-1824), Lecture de la tragédie « L'orphelin de la Chine » de Voltaire dans le salon de Madame Geoffrin.
Les Lumières et ceux qui apprécient leurs idées se réunissaient chez des particuliers, « tenant salon ». Ici, le peintre imagine que les plus grands des Lumières sont réunis chez Mme Geoffrin dont le salon était célèbre dans le Tout-Paris... Pour savoir dans le détail qui est représenté (et voir l'oeuvre en meilleure qualité d'image!) : https://histoire-image.org/fr/etudes/salons-xviiie-siecle


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