HGGSP Terminale - Thème 3




THEME 3 :
HISTOIRE ET MEMOIRES

Votre professeur vous expliquera cela en détail, mais Histoire et mémoire sont deux choses différentes, qui parfois même s'opposent.





L'Histoire, c'est ce que nous avons défini en début d'année de première : c'est l'étude des faits passés. Il s'agit de faire la collecte, l'inventaire et l'analyse des archives avec confrontation aux témoignages, y compris archéologiques. De l'histoire nationale à celle des mentalités = tous les champs d'étude sont possibles. Y compris sur les relations des hommes et des sociétés avec leur passé. L'Histoire peut rassembler, mais aussi diviser. Elle cherche à établir la vérité, même si celle-ci n'est pas bonne à dire...

La mémoire est tout autre... Vous remarquerez que, dans l'intitulé du thème, le mot est au pluriel. Ce n'est pas pour rien et c'est un détail très important !
La mémoire peut être celle d'un individu : elle peut être partisane, souffrir du temps qui passe (souvenirs brouillés), être soumise à de nombreuses manipulations, conscientes ou inconscientes. Un petit exemple amusant ou comment des gens sont persuadés d'avoir serré la patte de Bugs Bunny à Disneyland (entre autre !) : https://www.pseudo-sciences.org/Les-illusions-de-la-memoire.
La mémoire peut être celle d'un groupe d'individus : cette mémoire-là peut, comme la précédente, être en totale contradiction avec la réalité historique (elle peut également être en accord avec la réalité historique!). Elle relève de schémas mentaux collectifs, plus ou moins partisans (et, ce, de façon plus ou moins consciente). Elle peut avoir des objectifs variés (et plusieurs objectifs en même temps) : la volonté de commémorer, de se souvenir, de soulager une souffrance, servir de support à une lutte sociale ou politique avec des revendications de reconnaissance, de respect ou de privilèges.
Il y a enfin la mémoire institutionnelle : c'est ce dont un Etat a choisi de se souvenir et de commémorer. Quelles qu'en soient les raisons (exaltation du passé, contrition envers des erreurs ou des violences du passé, etc). Elle est indissociable de son temps et des enjeux politiques et sociaux d'une société à un moment M. Elle évolue donc avec le temps.

Pour préparer les jalons de ce thème.

AXE 1 : Histoire et mémoires des conflits

Un débat historique et ses implications politiques :
les causes de la Première Guerre mondiale.

Voici une sélection d'articles :
Et celui disponible sur le site de la BNF : http://expositions.bnf.fr/guerre14/arret/03_4.htm

Que faire de ces liens ?
L'idéal serait d'imprimer chacun de ces articles et d'en faire une fiche de lecture.

Mémoires et histoire d’un conflit : la guerre d’Algérie.

L'idée serait d'avoir quelques connaissances sur la guerre d'Algérie... En étudier la mémoire sans en connaître les faits me paraît chose hasardeuse et compliquée.
Vous trouverez donc en complément de ce fichier une (trèèèès) courte synthèse qui fixe quelques grandes lignes. N'hésitez pas à faire des recherches complémentaires, à construire des frises chronologiques, etc.
Il existe également un excellent documentaire en deux épisodes de Gabriel Le Bomin et Benjamin Stora (un historien dont la réputation n'est plus à faire!) : Guerre d'Algérie, la déchirure. Vous le trouverez sans difficulté, comme ici : https://www.youtube.com/watch?v=-GYwdxuD-v4 . Mais, d'autres internautes l'ont mis en ligne (les deux épisodes à la suite ou séparés).
ATTENTION : Certaines images peuvent choquer les plus sensibles d'entre-vous. Cela a été une « sale guerre » et les réalisateurs font œuvre d'histoire : ils ne minimisent rien, ne ménagent aucune mémoire et utilisent les archives filmées telles que nous en disposons.

AXE 2 : Histoire, mémoire et justice

Je vais profiter de cet axe pour aborder les choses sous un angle cinéphile, pour ce qui est la réalité de ces deux guerres. Sachant que ces conflits seront également abordés dans les cours d'histoire du tronc commun. En spé, vous aborderez seulement la dimension juridique et notamment la question de savoir si la justice peut apaiser les blessures, si les mémoires peuvent se réconcilier par ces procès et si l'histoire peut contribuer à construire la justice (et est-ce son rôle, d'ailleurs?)

La justice à l’échelle locale : les tribunaux gacaca face au génocide des Tutsis.

Deux films éprouvants qui décrivent le conflit rwandais et la mise en œuvre du génocide. Il en existe bien d'autres, tout aussi bien faits et douloureux, mais disons que j'exprime là une préférence personnelle.
Shooting dogs de Michael Caton-Jones
Hôtel Rwanda de Terry George
On ne peut les visionner sur les plate-formes gratuites, il faut chercher sur les sites de streaming. Par exemple, Shooting dogs est proposé par Viméo. Il doit y avoir d'autres sites qui le proposent.
Une liste de films plus exhaustive est disponible à l'adresse suivante : https://www.senscritique.com/liste/Le_Rwanda_au_cinema/551617

A la fin de la page de présentation, vous avez trois liens supplémentaires qui devraient vous permettre de bien entrer dans la question :
Vous pouvez également lire le témoignage, lors d'un procès d'assises à Bruxelles (procès de quatre Rwandais, accusés de génocide, qui s'est tenu en 2001), d'une dame pour laquelle j'ai une grande affection, Yolande Mukagazana : http://assisesrwanda2001.org/050505.html. Et ensuite lire ses livres, disponibles en librairies. Et n'hésitez pas à parcourir le site, notamment pour lire les autres témoignages.

La construction d’une justice pénale internationale face aux crimes de masse :
le tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY).

Autre sujet, ô combien douloureux...
Là aussi, nombre de films sont disponibles : https://www.cinetrafic.fr/liste-film/2231/1/la-guerre-de-bosnie
Parmi cette liste, deux me sont particulièrement chers :
L'incontournable No Man's Land de Danis Tanović.
Et pour appréhender la Bosnie après la guerre : Au Feu ! de Pjer Zalica
A lire : Les Bosniaques : Hommes, villes et barbelés et Chroniques des oubliés de Vélibor Čoliċ.

Sur le site du TPIY, vous trouverez une foule de renseignements, tant sur le conflit que sur le TPIY lui-même, ses objectifs et son fonctionnement : https://www.icty.org/fr
Comme pour le Rwanda, France Culture propose une émission et des liens pour approfondir le sujet : https://www.franceculture.fr/emissions/affaires-etrangeres/ex-yougoslavie-25-ans-apres-la-guerre-le-bilan-de-la-justice-internationale

Que faire avec tout ceci ? Se familiariser avec ces deux conflits afin de mieux aborder la façon dont la Justice a été rendue.
Les films sont suffisamment marquants par eux-mêmes. Concernant les sites, que ce soit un document auditif (France Culture) ou écrit, l'idéal serait de prendre quelques notes, réaliser quelques cartes mentales avec les informations qui y sont dispensées.


OBJET DE TRAVAIL CONCLUSIF : L’histoire et les mémoires du génocide des Juifs et des Tsiganes.

Lieux de mémoire du génocide des Juifs et des Tsiganes.
Juger les crimes nazis après Nuremberg.
Le génocide dans la littérature et le cinéma.

Là encore, le programme de spé rejoint celui du tronc commun.

A l’issue du conflit, chaque pays a déployé une mémoire officielle de celui-ci. La date du 8 mai symbolise, pour les Alliés occidentaux, la défaite du totalitarisme nazi et la victoire de la démocratie. En URSS, le 9 mai est, d’après Staline, une victoire du nationalisme russe, convoqué en 1941 face au plan Barbarossa. Pour les pays ayant été occupés par l’Allemagne nazie, il s’agit d’une libération nationale, qui s’accompagne d’une célébration des mouvements de résistance. Les procès de Nuremberg puis de Tokyo ont pour objectif de juger les responsables des régimes nazi et japonais ; les nations vaincues doivent ainsi assumer les crimes commis durant la guerre. Pourtant, le déclenchement de la Guerre froide élude la question de la poursuite des criminels de guerre, tandis que l'implication de l’empereur Hirohito dans la dérive expansionniste n'est pas abordée avant son décès (1989).
Aux États-Unis, où la mémoire de la guerre n’est pas moins vive, ressurgit le débat sur le rôle des États-Unis dans le monde, et le retour éventuel à l’isolationnisme prôné durant l’entre-deux-guerres dès l’hostilité du Congrès américain à l’égard de la SDN et des engagements du président Wilson. Cette règle de la politique extérieure des États-Unis, qui s’applique à certaines périodes de son histoire, prône le désintérêt pour les affaires de l’Europe, et parallèlement le refus de toute ingérence européenne sur le continent américain. L’isolationnisme, recommandé dès 1796 par George Washington, premier président des États-Unis, traverse tout le XIXe siècle, et retrouve une audience dans les années 1930, lorsque les isolationnistes se regroupent dans l'organisation America First (l’Amérique d'abord). L’abandon des lois de neutralité avant l'intervention américaine dans la Seconde Guerre mondiale, suscitée par Pearl Harbor, marque la fin de l'isolationnisme : les États-Unis, dominateurs au plan économique, acceptent leurs responsabilités mondiales. Le débat, jamais clos, porte depuis 1945 sur les modalités d’exercice de ces responsabilités.
La question des responsabilités dans le déroulement du génocide juif connaît un regain d’intérêt avec une nouvelle génération, aux États-Unis et en Europe occidentale, à partir des années 1960. Du régime de Vichy à l’affaire Waldheim (du nom d’un ancien officier de la Wehrmacht devenu secrétaire général de l’ONU de 1972 à 1981, puis président de la République en Autriche de 1986 à 1992), des controverses surviennent en des termes renouvelés. La mémoire des souffrances spécifiques endurées par les victimes juives et tsiganes de la barbarie nazie, par les Américains d’origine japonaise internés ou par les peuples déportés par Staline, devient un enjeu. Les mémoriaux et les célébrations se multiplient : la mémoire de la guerre, omniprésente, se morcelle. A l’est de l'Europe, la fin du bloc soviétique influe fortement sur le mythe stalinien de la victoire de l’internationalisme sur le fascisme, sérieusement révisé dès 1990 par Mikhail Gorbatchev lorsqu’il reconnaît officiellement le massacre de plus de 20 000 prisonniers polonais (dont 4500 officiers) par l’Armée rouge à Katyn, en 1940.

La mémoire de la Shoah s’impose quant à elle de manière très progressive. Contre l’acharnement des nazis à effacer toutes les traces de leur crime, beaucoup de survivants tentèrent, dès la fin du conflit, de réunir preuves et témoignages sur le génocide subi par les juifs. Mais le monde fut dans un premier temps peu réceptif. Pour preuve, l’ouvrage de Primo Levi, juif déporté, Si c’est un homme, publié en 1947, n’acquiert une large audience qu’en 1958, lors de sa réédition. De son coté, Staline interdit la parution du Livre noir, enquête de grande ampleur sur le génocide, dirigée par deux écrivains correspondants de guerre juifs soviétiques, Ilya Ehrenbourg et Vassili Grossman. Staline renoue ici avec l’antisémitisme traditionnel de la Russie tsariste, après avoir mobilisé la fibre nationaliste russe pour mobiliser son peuple dans la guerre. En proie à une réinsertion sociale difficile, les survivants aspirent à l'anonymat ; dans cet après-guerre, les juifs préfèrent s'identifier aux combattants héroïques du ghetto de Varsovie plutôt qu’aux victimes passives du génocide.
C’est en 1961, lors du procès Eichmann à Jérusalem, que la mémoire juive de la Seconde Guerre mondiale amorce un tournant. La parole est, pour la première fois, donnée à des témoins. A Francfort dans les années 1960, puis en France après 1980, des individus sont jugés coupables ou complices de crimes contre l'humanité, désormais juridiquement imprescriptibles. Leurs procès remplissent une fonction pédagogique auprès des jeunes générations. De plus, en 1967, la guerre des Six-Jours fait craindre la destruction de l’État d’Israël et ravive la mémoire du génocide, qui s’intègre à l'identité juive au sein de la diaspora. Transmettre la mémoire de l’Holocauste devient une priorité des grandes organisations juives états-uniennes en 1973, attitude indissociable du soutien apporté à l’État israélien. Désormais, les associations juives se mobilisent pour revendiquer la singularité absolue de la Shoah, tout particulièrement à Auschwitz, où les autorités polonaises ont longtemps occulté la judéité de la plupart des victimes.
La place de la Shoah dans les représentations de la Seconde Guerre mondiale excède toutefois le monde juif : l’événement prend la signification du mal absolu, dans la culture populaire américaine, par le biais de séries télévisées, et des films comme La Liste de Schindler de Steven Spielberg (1993) connaissant un succès mondial. De monuments tels que le mémorial d’Auschwitz (1967), occultant l’identité juive des victimes du camp d’extermination, au mémorial de l’Holocauste de Washington (1993) et au mémorial aux Juifs assassinés d’Europe à Berlin (2005), la mémoire du génocide juif a acquis une place de plus en plus reconnue. Peu à peu, la Shoah est devenue un héritage commun à tous, célébré et destiné à proscrire la répétition de telles atrocités.

Pour situer le contexte général, je vous envoie mon ancien cours de terminale sur Histoire et mémoires de la 2nde Guerre mondiale en France. On sort un peu du cadre strict de la question de spé, mais cela vous aidera à comprendre comment cette mémoire de la Shoah a émergé en France.



NB : Paul Touvier est mort en 1996, pas en 1966. Il s'agit d'une coquille du manuel d'où est extrait le document.

Sur le procès des anciens criminels nazis en 1945, on peut lire avec profit l'ouvrage d'Annette Wieviorka, Le Procès de Nuremberg édité par le Mémorial de Caen en 2005.
Elle a également publié, en 2013 aux éditions Pluriel, Déportation et génocide, entre la mémoire et l'oubli.

Parmi les innombrables sites internet à consulter, vous pouvez explorer :
Le site du Mémorial de la Shoah : http://www.memorialdelashoah.org/ (notamment la partie « Archives et documentation »).
Le site du Mémorial d'Auschwitz : http://auschwitz.org/en/more/french/

Plus précisément ciblé sur la question de la Shoah dans la littérature et le cinéma :

Outre les fiches de lectures que vous pouvez faire à partir de ces ouvrages, sites et articles, pensez à aller regarder les œuvres cinématographiques citées, lire les ouvrages cités et voir les œuvres d'art évoquées.

Evidemment, l'offre est bien plus pléthorique que les quelques références proposées dans cette fiche. Mais, si vous maîtrisez déjà l'essentiel de ceci, vous aurez pris une avance confortable !

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